La culture des algues sur la cote de Zanzibar
Aujourd'hui, je vous emmène sur les plages de Zanzibar ou se passe la récolte des algues.
La culture d'algues est une activité communautaire que des épouses, principalement celles de marins pêcheurs, pratiquent à Zanzibar pour procurer quelques ressources complémentaires au ménage.
C'est un travail très pénible et peu rentable. Il n'est pas rare que ces travailleuses attrapent prématurément des maladies dans les articulations ou des maladies
oculaires en raison de la réverbération du soleil sur les eaux où elles passent de longues heures de travail.
Chaque ferme d'algues rouges fonctionne sous la responsabilité d'une femme qui s'en occupe avec quelques autres femmes de la famille ou amies. Tout le travail est assumé par ces femmes seules. La
culture d'algues est en effet essentiellement une activité qui, comme la pêche de coquillages et de petites pieuvres, a lieu dans la zone interditale, ce qui est traditionnellement l'apanage des
femmes. Bien que nous n'en ayons pas vu, quelques hommes se seraient également lancés dans cette activité.
Les cultivatrices vont d'abord chercher dans la brousse des bois dont elles font des piquets. Les cultivatrices plantent ces piquets dans le récif corallien et les relient par des cordes, seul matériau qu'elles ne peuvent faire elles-mêmes et qu'elles doivent acheter. Ce sont des cordes en nylon qui sont de plus en plus utilisées. Le long de ces cordes, elles attachent de jeunes pousses d'algues qu'elles laissent grandir dans les eaux tropicales pendant des périodes de 1½ à 2 mois.
Ensuite, elles récoltent les algues arrivées à maturité. Sur la plage, elles en prélèvent des boutures d’algues qu'elles assemblent puis vont fixer à nouveau aux piquets de bois dans l'eau en vue d'une récolte ultérieure. Ce travail ne peut être fait qu'à marée basse lorsque l'eau se retire sur de longues distances, voire sur 1 km ou plus
Les algues sont vendues environ 0,20 euros le kg ( algues sèches bien entendu) ce qui donne environ pour 8 à 10 heures de travail par jour un revenu mensuel de l'ordre d'une quarantaine d'euros
!
Lorsque les eaux montent, les travaux de récolte cessent progressivement. Les algues récoltées, entassées dans des sacs ou déjà amenées provisoirement sur la plage, sont ensuite transportées au
bout des plages lesquelles sont fort vastes à Zanzibar.
Après une semaine, les algues Eucheuma sont amenées au grossiste qui les rachète et qui les exportera en Asie de l'Est, principalement en Chine, pour y être transformées. En fait, on en extrait le carraghénane (E407). Celui-ci est un additif qui sert d'agent gélifiant, stabilisateur, et épaississant dans l'industrie alimentaire (crème glacée, autres desserts lactés, boissons light, plats préparés, alimentation animale, clarificateur dans la bière,...), cosmétique (dentifrice, shampoing, cirages,...) et pharmaceutique (excipient). L'agar-agar (E406) est aussi un additif alimentaire dérivé des algues rouge
La récolte de la journée
Bien peu de touristes qui déambulent sur les longues plages de Zanzibar ont conscience de voir récolter sous leurs yeux une matière première qui entre dans la fabrication de nombreux produits qu'ils retrouveront dans leur supermarché, voire leur propre frigo, une fois les vacances finies. Il est vrai que sur place, c'est seule l'utilisation par l'industrie des cosmétiques qui est mise en avant par la population locale.
L'algue concernée est l'Eucheuma spinosum, dite algue rouge. Sa culture à Zanzibar a débuté en 1989 à l’initiative de l’université de Dar Es Salam et avec l'aide d'experts philippins.La croissance de la plante dans les eaux tropicales peu profondes et généralement calmes du récif corallien de la côte est de Zanzibar s'est révélée plus rapide qu'aux Philippines et à Singapour.
Elles y sont mises à sécher au soleil, pendues comme du linge et balayées par la brise ou simplement étalées par terre sur des feuilles de palmier. Les algues changent de couleur jour après jour, au fur et à mesure du séchage.
C'est surement très bon pour en faire des produits de beauté, mais ces pauvres femmes n'en verront jamais la couleur.